Le Mag Auto Prestige

Mini Express (Otto, Solido, GT Spirit) : bienvenue au paradis de la miniature !

Mini Express (Otto, Solido, GT Spirit) : bienvenue au paradis de la miniature !

Il y a presque 10 ans, deux bretons ont eu l’idée de lancer leur propre marque de miniatures en résine et de grande qualité. Le tout, avec des prix attractifs et un concept assez différent de la concurrence. Depuis, Ottomobile (Ottomodels) abrégé Otto, puis GT Spirit ont su s’imposer comme deux références de la miniature. Désormais, l’entreprise produit et commercialise également Solido, la mythique marque française. Nous sommes allés à la rencontre de Frédérick Guillier (PDG et co-fondateur) dans ses tout nouveaux locaux à Josselin. En route pour un voyage au paradis de la miniature !

Mini Express, le pari fou mais réussi de deux bretons.

Le Mag Auto Prestige: Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?
Frédérick Guillier: Bonjour, je suis Frédérick Guillier, j’ai 40 ans et je suis le co-fondateur et dirigeant de Mini Express (Otto, GT Spirit, Solido). Je suis originaire de Bretagne et j’ai travaillé pendant près de 20 ans en Chine, dans le monde de la miniature.

Frédérick Guillier devant ses miniatures Otto

LMAP: Comment se déroule la conception d’une miniature, de l’idée à sa commercialisation ?
FG: La conception d’une miniature est un processus long. En moyenne, on est sur 12 mois de délai entre la validation de l’idée et la mise en vente du modèle. Par exemple, en ce moment, on travaille sur notre programme de 2020 ! Avant on travaillait sur un délai de 18 mois. On essaye de réduire désormais. Car, quand on voit une nouveauté qui sort et qu’on veut la faire, 18 mois c’est trop long. Aujourd’hui tout va vite, surtout dans l’automobile. 99% du temps, ce sont des modèles que l’on aurait aimé avoir en vrai. Comme beaucoup d’amateurs de voitures, on aimerait toutes les avoir. Il y a peu de modèles que je n’aime pas. En dehors des versions Diesel, on est pas très fans du Diesel. D’ailleurs, dans notre collection il n’y en a quasiment pas, un ou deux je pense (une CX Break). La liste des modèles que l’on aimerait faire est encore très longue. En plus, nous sommes attentifs aux commentaires de nos collectionneurs et à leurs suggestions sur les modèles à faire. On prend vraiment en compte leurs suggestions, même si ce n’est pas fait dans l’immédiat.

Une fois l’idée d’un véhicule validée, on passe à sa modélisation. On « scanne » la voiture avec un appareil photo en 3D. C’est une machine qui vaut très chère, la première nous a coûté 80,000€. En une heure, l’appareil nous fait 500 photos environ. Puis, on élabore un dossier technique avec notre spécialiste basé en Espagne. C’est un ancien journaliste automobile, une vraie encyclopédie de l’automobile. Il nous précise les différences entre le modèle d’époque et le modèle que l’on a scanné. Car, beaucoup de gens modifient leur voiture. Or, on veut la voiture la plus fidèle possible au modèle d’origine.

Après, on modélise la voiture 3D sur ordinateur. Cela prend deux mois environ. Ensuite, on réalise une maquette physique et on développe un outillage industriel. Même si c’est de la résine, on fait de l’outillage industriel car toute la fabrication ne peut être manuelle sur 1000, 2000 exemplaires ou plus. Cela prend 4 mois. On mélange l’injection plastique et la résine, ce qui allonge le processus. Quand tout est prêt, et après la validation du constructeur, on lance la production du modèle. Cette production prend 3 mois à peu près. Enfin, il faut faire venir les miniatures depuis leur usine (en Chine) dans nos entrepôts (en Bretagne). Cela prend 1 mois, 1 mois et demi.

Nous avons un bureau d’études basé en Chine, afin qu’il puisse directement travailler avec notre usine de production. Leur boulot est de vérifier les maquettes, vérifier les échantillons. Quand on envoie un modèle à un constructeur et qu’il nous fait des commentaires, on modifie. Sauf si c’est trop exagéré, comme un constructeur qui nous avait dit que la trappe à essence était 0,14mm trop longue ! Généralement, nous avons une très bonne image et peu de retours négatifs avec nos voitures Otto. Nous avons de bonnes relations avec les constructeurs.

Il n’y a pas besoin d’autorisation pour les sponsors sur les modèles de compétition. La livrée d’une voiture de rallye, en miniature, est considérée comme une décoration. Donc, non soumise à licence. On est vraiment libres de faire ce que l’on veut.

LMAP: Le marché des miniatures/jouets a bien évolué ces dernières années. On trouve de moins en moins de miniatures dans les GMS ou les magasins de jouets. Comment une entreprise comme la vôtre s’adapte à ces évolutions ? Est-ce que les enfants d’hier sont vos clients d’aujourd’hui ?
FG: Le marché change, en effet. Quand j’ai commencé dans la miniature, une 4CV, une 203 ou une Traction ça faisait un carton. Une R17, ça faisait un flop. Aujourd’hui, je refais la R17 ce sera un succès. A l’inverse des 4CV, 203 ou Traction. Il y a une nouvelle génération, donc c’est logique que le marché évolue. C’est pour ça aussi que l’on a repris Solido. On voulait faire de l’entrée de gamme, car Otto et GT Spirit c’est un marché de niche, que vous ne voyez pas. Le but était de redonner une visibilité à la marque et à des produits entrée de gamme, faire des produits de bonne qualité mais avec un prix correct. Aujourd’hui, tout le monde monte en gamme et les marques DieCast d’entrée de gamme disparaissent (Bburago, Welly…). Donc, on voulait combler un vide. En proposant un produit accessible (vendu entre 40 et 44,90€), cela a réactivé les ventes. D’ailleurs, à Noël, il y aura du Solido dans de nombreuses GMS. Par exemple, avec Carrefour, on a développé un modèle spécifique : un coffret avec les deux Alpine A110 ! On a Auchan et Cora qui font des essais. On a toutes les chaînes sauf Intermarché et Super U. Et, on a pas eu à se battre pour ces partenariats car ils sont heureux de retrouver la marque qui avait disparu de leurs rayons. Et ce, à l’inverse des jouetistes, peu réactifs pour l’instant. On voulait travailler avec eux, mais ils ont plutôt boudé le produit. Et, ce sont les grandes surfaces qui l’ont bien accueilli, qui était contents d’en retrouver dans leurs rayons. Donc, vous trouverez du Solido dans vos GMS pour Noël ! On a besoin de créer des collectionneurs. Ces gens commenceront avec du Solido, demain ils achèteront peut-être du Otto puis du GT Spirit.

La 2CV attire toujours autant !

Le marché ne se limite pas qu’à la France, on a la chance d’avoir un marché très international. Nous vendons beaucoup aux USA ou même en Chine ! Ils découvrent le 1/18e et la résine alors qu’ils étaient habitués au 1/24e. La demande monte en flèche là-bas, alors qu’en Europe elle stagne. Mais, il y a toujours des collectionneurs ! Ils sont cachés et il faut aller les chercher (rires). On va essayer de dépoussiérer l’image de la miniature.

Le vintage est à la mode. Les gens cherchent du vintage car le monde va très vite. Ils cherchent une sorte de repère, un souvenir. Et donc, ils se replongent dans le passé. A l’époque, l’automobile était complètement différente. Et, certaines personnes retrouvent ça avec nos miniatures.

Solido, c’est avant tout un cadeau que l’on offre. Au moins, 50% de nos clients ne sont pas des collectionneurs. Alors que chez Otto, ce sont plutôt des gens qui aiment les voitures. Beaucoup de gens qui se spécialisent sur une marque, une catégorie, une époque… Enfin, chez GT Spirit ce sont surtout des collectionneurs de miniatures. Des clients très différents. D’ailleurs, peu de nos clients collectionnent des miniatures Otto et GT Spirit en même temps !

LMAP: Le Rallycross est très présent en Bretagne et devient un sport de plus en plus populaire, peut-on imaginer des voitures de ce sport chez Otto en 1/18e ou chez Solido (1/43e ou 1/18e) ?
FG: Alors oui, on en fait une, on commence là. Nous allons proposer une Alpine A310 qui a gagné au Rallycross de Lohéac et qui a été championne de France ! Après, il y a le Rallycross historique et le Rallycross moderne. C’est un sport que j’apprécie beaucoup. On s’est posé la question de faire les Polo, Fiesta, 208, DS3 WRX… Mais, c’est un secteur compliqué. Les marques y vont puis reculent. A voir comment le Rallycross évolue. Cela peut monter très vite comme descendre tout aussi vite. D’autant plus que l’avenir y est électrique. Et puis, surtout, on a un problème de décalage. Comme je l’ai dit, on travaille sur 12 mois. Or, en un an, les livrées et les voitures changent, peut-être que le team ne sera même plus là ! C’est le même souci avec le WRC. La preuve, certains travaillaient sur la Polo R WRC’17… et puis Volkswagen a annoncé son retrait du WRC. Notre plus grosse problématique est celle du décalage. Donc, si l’on fait du Rallycross, ce sera peut-être plus sur les anciennes voitures que les actuelles.

La future A310 Rallycross de chez Otto !

LMAP: Pourrait-on imaginer voir des camions du Dakar dans vos marques ?
FG: On a de la demande là-dessus, c’est certain. Après, c’est compliqué à réaliser car ce sont des grosses pièces. A la fin, ce serait plus gros que du 1/12e ! Si je sors un camion à 160€ ce serait difficile. Les Camions du Dakar sont intéressants mais problématiques. Et, en 1/43e non, on est plus sur une optique de 1/18e, même avec Solido. On aime ça et on va continuer là dedans.

LMAP: Est-il possible d’avoir en exclusivité des modèles qui intégreront vos gammes Otto et Solido en 2019 ?
FG: Le problème, comme je vous le disais c’est que je suis déjà sur 2020, alors il faut que j’arrive à me rappeler de la liste de 2019 (rires). On va avoir une Stratos au 1/12e à venir l’an prochain. Il y aura aussi le pack assistance Clio Maxi. Après, en rallye, qu’est-ce qu’on peut avoir ?… (Après une longue réflexion) : on va avoir une Visa Groupe B. Il faudrait qu’on fasse des Subaru oui. On va avoir une nouvelle version de l’Ascona 400. Après, je ne peux pas vous en dire plus, je suis désolé.
Pour les modèles de série, on aura de nouvelles Subaru. On continue les japonaises car ça plaît beaucoup. En voitures française, on a encore plein de choses. On va avoir Peugeot 405 (une production aussi). Après, … euh, on va avoir des Mercedes, de belles AMG. Un peu de BMW aussi. On va avoir des choses exotiques en Renault, comme la Le Car Van ! Une R12 Alpine aussi. Des choses exotiques mais qui vont plaire. On va sortir des véhicules d’assistance aussi.

Le principe, c’est qu’on est que trois à connaître les modèles à venir dans l’entreprise. Cela évite les fuites. Et je préfère garder l’effet de surprise. On évite d’annoncer trop à l’avance aussi. Quand on annonce, c’est que c’est certain que cela va sortir ! Quand on annonce une voiture, généralement elle est dans le bateau. Après, il y a toujours un porte-conteneurs qui coule par an. Pour l’instant, on a de la chance et je touche du bois. Bon, nos voitures flottent après. (rires) On ne veut pas décevoir alors on évite d’annoncer trop à l’avance.

LMAP: A ceux qui vous critiquent de produire en Chine, comme beaucoup d’autres entreprises, qu’avez vous envie de répondre ?
FG: Ce n’est pas qu’on ne veut pas produire en France, c’est ce que c’est très difficile de le faire. Et pas pour des raisons économiques. Aujourd’hui, le souci c’est de trouver des gens pour travailler dans les usines, à rester 8h par jour à limer des pièces. On a un voisin qui n’arrive pas à recruter. Si l’on relocalisait en France, le problème ne serait pas la différence de prix mais de trouver de la main d’œuvre. Après, la Chine n’est plus un Eldorado. Dans notre entreprise, on a presque plus de jeunes, la moyenne d’âge est de 40 ans environ. Le niveau de vie augmente là bas, et les jeunes vont ailleurs. On a du mal à embaucher. Certains de nos concurrents réduisent les unités produites car ils n’arrivent plus à recruter et donc à produire autant qu’avant. On a réalisé une F1 au 1/8e, on l’a faite en France et ça nous a coûté moins cher que si on l’avait réalisée en Chine ! Mais, je pense qu’un jour ou l’autre que beaucoup d’entreprises reviendront produire en France. De plus, je pense que le jouet va monter en gamme et qu’il n’y aura plus de jouets « cheap » et de mauvaise qualité. Il n’y a plus vraiment d’intérêt de se lancer et d’aller produire en Chine. Si je devais refaire les choses aujourd’hui, je ne le ferai pas. On s’est vraiment lancés pile au bon moment.

Page 2 : Ottomobile
Page 3 : Solido et nos photos

Ottomobile, la référence du genre !

Le Mag Auto Prestige: D’où vous est venu l’idée de créer Otto ? Puis GT Spirit ?
Frédérick Guillier: Avec mon ami et associé, nous travaillions déjà dans l’industrie de la miniature en Chine. Puis, un jour j’ai dû rentrer en France et je devais trouver du travail. Et c’est là qu’on s’est dit qu’on devrait faire nos propres voitures. Proposer les miniatures que l’on voulait voir sortir. Par exemple, pendant des années nous avions demandé à Kyosho de faire une Alpine A110 au 1/12e… on a lancé le projet avant qu’ils ne se décident enfin (rires). La Clio Williams me faisait rêver, l’Alpine GTA aussi, la 405 Mi16 aussi, la Saxo VTS… En fait, nous sommes des amoureux de l’automobile qui voulaient modéliser les voitures qui nous faisaient/font rêver. On a créé Otto en voulant se faire plaisir. On s’est dit qu’il y aurait sûrement des gens avec les mêmes goûts que nous, c’était un vrai pari !
C’était un véritable coup de poker. Nous avons mis toutes nos économies dans ce projet. Et donc, pari réussi, pas sans douleurs mais réussi quand même. On a su fédérer pas mal de monde autour d’Otto, on a un club avec 35,000 membres, ça fait vraiment plaisir. Il y a toujours des gens qui se plaignent sur internet, mais dans l’ensemble les gens qui nous suivent depuis le début sont très contents. En plus, les voitures voient leur valeur doubler, c’est positif pour nos clients. Certains modèles valent très chers maintenant ! Notre leitmotiv, c’est de proposer des modèles exclusifs pour « pas cher ». On a les prix les plus bas du marché. C’était notre philosophie au début et ça l’est toujours. De plus, on a des experts (voitures civiles ou rallye) pour avoir les voitures les plus fidèles possibles à la réalité. Le tout pour un rapport qualité/prix excellent. Ainsi, nos clients peuvent se faire plaisir sans dépenser 200€.

LMAP: Pourquoi Otto, O.T.T.O ?
FG: Je ne peux pas vous le dire ! (rires) Je n’ai pas le droit, c’est un secret ! Ce que je peux dire c’est que c’est un concours de circonstances. Une référence à l’inventeur du moteur à 4 temps, Nikolaus Otto. Il y a aussi le jeu de mots, otto-mobile/automobile. En Allemagne, Otto est un prénom connu, du coup avec Otto Models ça fait les « modèles d’Otto ». Pour notre site nous n’avons pas pu prendre le nom otto-mobile, donc nous avons fait Otto Models. Les modèles d’Otto en anglais. C’est fait pas hasard, mais ça tombait bien. Pas vraiment de signification particulière au final.

LMAP: Pourquoi limiter vos miniatures à 2000 exemplaires environ, pourquoi ce chiffre ?
FG: Plus on limite plus un modèle va être demandé. La rareté du produit va faire le succès du produit. Après, il faut faire attention à la limitation, trouver le bon équilibre pour chaque modèle. Il arrive parfois que l’on se trompe. Comme sur la Quadrifoglio où l’on avait décidé de limiter à 1500 et où on a eu 3000 précommandes ! Il a fallu trouver une solution, donc on a dû refaire une production, avec une autre couleur, pour essayer de satisfaire ceux qui n’avaient pu l’avoir. Si on faisait plus de pièces sur chaque modèle (3000 par exemple), ça intéresserait moins.

Un modèle qui va prendre de la valeur : Otto + Loeb

LMAP: Avec GT Spirit, vous avez des partenariats de modèles exclusifs avec certains sites allemands. Est-ce que n’importe quelle entreprise peut vous contacter pour vous commander un modèle précis ou bien est-ce pour mieux répondre à l’attente de vos fans allemands ?
FG: Par rapport à ces partenariats, on a arrêté. Deux versions du même modèle en même temps sur le marché c’était compliqué. Ce n’était pas bon pour l’image et certains clients étaient perdus : pourquoi tel site propose telle version et un autre site une autre version. Sur Otto on ne fera pas. On a déjà fait, et ça n’a pas été positif. Mais, sinon on peut en faire, sous notre nom ou pas. Nous avons travaillé avec Mercedes ou Porsche par exemple. En France, nous avons très peu de demande. Les demandes viennent de l’étranger, des constructeurs étranger.

LMAP: Vos voitures s’adressent avant tout à des passionnés, mais sur internet certains les achètent juste pour les revendre plus chères. Est-ce que ça vous gratifie sur la qualité de votre travail ou ça vous embête vis-à-vis de fans qui n’auront pas ces miniatures du coup ?
FG: C’est l’offre et la demande… Au départ, il n’y avait pas de Club Otto. Certains achetaient 30 ou 40 pièces de chaque modèle. Des fois, en une heure tout était vendu ! Alors, nous avons mis en place le Club Otto pour être sûrs que nos clients ne puissent pas rater un modèle. Et, ainsi, éviter qu’ils passent à côté d’une miniature. Tous les deux mois vous recevez votre newsletter et la liste des modèles à venir. Après, on s’engage à vous livrer. C’est peut-être arrivé une dizaine de fois qu’on ne puisse pas livrer un client. Soit pour des soucis de production soit car on avait vraiment trop limité. Mais c’est vraiment exceptionnel. Après, pour contrer la spéculation, nous limitons le nombre de pièces par miniatures et par personne à 2. Ensuite, les gens qui revendent je ne vais rien dire là-dessus. Certains jeunes font ça par manque d’argent ou commandent deux exemplaires car en revendre un leur finance le premier. Et, je peux le comprendre. Je connais beaucoup de jeunes qui collectionnent, dès 15 ans même. On a aussi des gens qui regroupent leurs commandes. Mais, au final c’est une goutte d’eau.

LMAP: Quel avenir pour Otto ?
FG: Et bien on ne change rien ! On continue pareil. Les assortiments (camionnette + voiture de rallye) vont continuer. C’est quelque chose qui a beaucoup plu et donc en en fera d’autres ! On devrait faire un peu plus de camions cependant (1 à 2 par an). On va continuer le 1/12e. Il y a beaucoup de demande pour. Donc, du 1/12e en Rallye, en voitures américaines et en Youngtimer. La demande de voitures classiques augmente, donc on va s’y pencher. La 203 par exemple, dont je parlais tout à l’heure. Il y a des modèles à faire chez Solido qui ne se vendraient pas beaucoup, donc autant y penser chez Otto. On a également une gamme de voitures classiques françaises en projet… mais toujours sans version Diesel (rires). On nous demande des Panhard, des Facel Vega… il y a encore plein de voitures à faire ! Je ne sais pas où les gens les mettent (rires) mais il y en qui on toute la collection ! On a 2/3 clients sérieux qui achètent tous les modèles. On a un hollandais qui achète tout par deux… il a deux maisons ! (rires). On a des gens qui achètent des modèles et qui ne les ont jamais ouvertes et qui nous appellent 5 ans après par exemple… Nous avons eu un client qui a acheté pendant des années nos modèles alors qu’il était hospitalisé. On a tout gardé pour lui pendant son hospitalisation, jusqu’à sa sortie. Donc oui, on a des collectionneurs très fidèles et on va continuer sur notre lancée pour eux.
De plus, on va fêter nos 10 ans. Donc, un événement Club Otto sera organisé. Il devait se faire à la rentrée mais au final il se fera au mois de mars, dans nos locaux à Josselin. C’est retardé car nos travaux dans nos nouveaux locaux viennent à peine de se terminer !

LMAP: Pouvez-vous nous expliquer le choix de vos boîtes Otto ?
FG: On a un polystyrène spécial. Il est chiant, mais il permet aux voitures de ne pas arriver cassées ! On fait des drop tests à 4m de hauteur, et les voitures ne sont pas abîmées. Il faut prévoir la brutalité de certains livreurs (rires). C’est une solution économique aussi. Sur GT Spirit, les emballages coûtent très chers. Après, c’est sympa d’avoir les mêmes boîtes depuis 10 ans. A Macau on a un mur de boîtes Otto. Pour nos collectionneurs, c’est une certaine constance qui peut avoir du bon, surtout quand ils entassent les boîtes. C’est homogène. On a pour principe de ne pas changer. Notre designeuse me demande toutes les semaines de changer notre logo, mais non. On est comme les allemands, on ne change pas notre logo !

LMAP: Quel est le modèle dont vous êtes le plus fier ?
FG: Oh ! Il y en a plein… très bonne question. Ah, la R8 Gordini au 1/12e. Quand on l’a reçue au bureau, et quand on l’a déballé on s’est dit « wahouu », on a pris une claque ! Il y en a plein de très très belles. Mais, c’est vraiment la R8 Gordini au 1/12e qui m’a marqué. L’Espace F1 était une très belle miniature aussi.

Solido, le renouveau d’une marque mythique.

Le Mag Auto Prestige: Pourquoi avoir choisi de relancer la marque Solido ?
Frédérick Guillier: On voulait faire du Diecast d’entrée de gamme parce que Solido n’était plus là, Norev avait réduit sa production, et d’autres marques qui faisaient exploser leurs tarifs. Il n’y avait plus grand chose en boutique. On s’est dit qu’il fallait qu’on fasse du DieCast, de vulgariser notre marché. Et puis, au ToyFair de Nuremberg nous étions face au propriétaire ; à l’époque ; de la marque Solido ! On a discuté avec eux, on leur a présenté notre projet. On leur a tout montré en leur expliquant qu’on allait remplacer Solido. J’ai été très transparent. Puis, en une heure la décision a été prise ! On aurait jamais parié de faire revivre la marque Solido. Oui, on est contents de faire revivre cette marque et de la ramener en France. La « Miniatures Valley » en région Lyonnaise avec Norev, Majorette, Solido, Eligor… c’était sympa de ramener quelque chose en Bretagne. Notre petit côté breton était heureux de se dire « on va faire un pôle miniatures en Bretagne ». On va continuer de la développer et de la faire vivre. Pour l’instant, c’est bien parti.

Déjà beaucoup de modèles chez Solido !

LMAP: Pour Solido, vous proposez à la fois d’anciens modèles et de nouveaux. Le but est-il de mélanger savamment l’histoire de la marque et les demandes actuelles ?
FG: Des anciens moules, comme le Type H, ont été envoyés chez Norev. Mais, quand les allemands (Schuco, ndlr) ont repris Solido ils ont refait les moules. En fait, il y a deux Type H. Celui de Norev, au 21,5e et le notre au 18e. Il y a 5 voitures (Type H, 2CV, R5 Maxi, l’AC Cobra…) qu’on a pu récupérer du patrimoine Solido. Tout le reste a disparu. Après, on était contents de pouvoir repartir d’une page blanche. L’historique Solido est très compliqué et sans informations, c’était mieux de repartir d’une feuille blanche. On a juste gardé le logo. D’ailleurs, il faut noter que nos délais de production sont assez similaires à ceux d’Otto, 10 mois environ.

LMAP: Avec vous le 1/64e est entré dans le catalogue de la marque, le but était-il de concurrencer Norev et Majorette ou d’élargir la gamme ?
FG: Le but était d’élargir la gamme. C’était une collaboration avec Kyosho. On voulait faire un test sur du 1/64e haut de gamme, des miniatures vendues entre 7 et 10€. Mais, c’est un échec. En France, le prix moyen/psychologique d’une 1/64e est de 2€50. Alors qu’au Japon ou aux USA, ça marche et ce n’est pas surprenant de voir du 1/64e à 15€. On a testé du 1/43e d’entrée de gamme à 9€90 mais ça n’a pas marché non plus. Là aussi le prix était trop haut par rapport au marché français.

LMAP: Peut-on imaginer voir arriver d’autres versions de la Subaru Impreza ? De la Delta ? Pourquoi ces autos n’ont pas d’ouvrants ?
FG: Car c’est une collaboration faite avec Ixo/Altaya. Ceux qui n’ont pas d’ouvrants sont dans la collection Altaya. Nous avons mutualisé nos outillages. C’était mieux pour nous de faire ce partenariat que de lancer la production de 15,000 Impreza, nous n’aurions pas pu le faire. Après, on reverra sûrement certains modèles avec des ouvrants, comme l’Alpine A110. Et oui, c’est possible qu’il y ait de nouvelles versions de l’Impreza ou de la Delta. Après, on en fera pas de trop. On a pas mal de choses, on a des trucs sympas en Rallye comme la R5 Maxi, d’autres versions arriveront et d’autres voitures de Rallye arriveront l’an prochain. On va faire du DTM aussi. Car, il faut savoir que 30% de nos Solido partent en Allemagne.

LMAP: Aux nostalgiques qui n’ont pas encore acheté l’un de vos modèles, qu’avez-vous envie de dire ? Proposez-vous toujours les petits catalogues dans vos boîtes ?
FG: On a beaucoup de gens qui nous disent « Non Solido, c’était du 1/43e, c’était les pompiers, les militaires… ». Bon, on va y aller étape par étape. On va déjà redresser la marque. Et après, qu’ils soient patients. C’est possible qu’on fasse d’anciennes Solido, c’est possible que l’on fasse du pompier ou du militaire. On va y revenir. On avait déjà besoin de remettre la marque d’aplomb.
Dès l’an prochain, nous allons proposer à nouveau les petits catalogues dans les boîtes. On a une équipe qui travaille là-dessus. On a racheté les anciens catalogues de la marque ainsi que son historique afin de travailler sur ce projet de catalogue.
Après, Solido a toujours bien marché en France même si la marque à une histoire en dents de scie. Un peu comme Majorette. On va tout essayer pour faire marcher Solido ! Mais, on doit faire attention, la marque a fait souvent des hauts et des bas !

LMAP: Pour Solido Militaria, comment sont choisis les modèles ?
FG: En fait, je vais vous avouer qu’on a un expert militaire pour. On lui fait 300% confiance et c’est lui qui nous sélectionne les versions et les couleurs à reproduire. On lui demande ce qu’il voudrait, il nous dit « je veux ça, ça et ça » et on lui répond « ok, on va le faire ! ». Nous sommes des spécialistes de l’automobile donc on fait totalement confiance à notre spécialiste militaire. C’est lui qui nous fait les décos de nos modèles actuels. Après, si on poursuit, on reproduira peut-être d’anciens modèles de la gamme Militaria plus tard. Mais, il sera difficile de retrouver les standards d’il y a un 20 ans si on reprend les moules ! La précision est beaucoup plus poussée aujourd’hui et ce sera difficile de revenir en arrière (rires).

LMAP: Certains collectionneurs estiment que vous avez fait baisser la qualité des modèles au 1/43e, qu’avez vous à dire sur le sujet ?
FG: Par rapport à avant ? Non, ce serait plus le contraire ! Il y a du 1/43e collection en boîte à 9€90 plutôt sympathique pour le prix. On les vend très bien. C’est un peu moins bien que du Norev à 40€ mais on a vraiment des modèles de meilleure qualité que par le passé.

LMAP: Qu’aimeriez-vous dire aux magasins de jouets (indépendants ou non) et au GMS pour qu’ils distribuent vos produits ?
FG: Aux magasins de jouets : on a fait ça pour eux ! On nous a énormément reprochés (avec Otto) de faire de la vente en direct. On a lancé Solido et on nous a boudé…Quand on a relancé la marque, c’était hallucinant de voir ces magasins nous bouder et de voir, à l’époque, 50% de notre production partir en Allemagne. On a des dizaines d’appels par jour de gens qui nous demandent où acheter du Solido, qui n’en trouvent pas près de chez eux! Donc, je leur dis : « équipez vous ! On a une belle gamme et ça se vend très bien ! » On a pas de retours négatifs. Ceux qui mettent ça en place en vendent et en recommandent après. Faites le test et vous verrez ! Je comprends que les jouetistes aient des difficultés en ce moment, mais ça reste un produit intemporel. Donc, ça marchera. A l’inverse des mouvements de mode, comme le handspinner, qui leur font mal. Il y aura toujours des gens pour acheter une 2CV ! Et la nouvelle génération arrive. Chez moi, je n’ai pas de miniatures, mais je vois mon gamin qui adore la 4L et la 2CV. Et, je trouve ça génial qu’un enfant de 4 ans accroche sur la 4L alors qu’on a jamais rien fait pour le pousser vers les voitures ou les miniatures. A deux ans, je le voyais aligner ses petites voitures sur les marches de l’escalier… je me suis dit « ah bah voilà, c’est mort ! Il est piqué ! » Je suis toujours heureux de voir des enfants acheter une miniature.

LMAP: Peut-on envisager des collections presse en partenariat avec Solido comme dans les années 90 ?
FG: Non, il n’y aura pas de collections presse Solido à l’avenir. Nous n’avons pas d’intérêt d’en faire. Notre but est de travailler avec les grandes surfaces. On mettra aussi du Solido en maison de la presse, mais pas via des collections.

LMAP: Peut-on imaginer voir du placement produit pour Solido pour faire connaître la marque ?
FG: On en fait de plus en plus ! Là, on vient de lancer quelque chose avec le Club Canal. Dans le dernier Taxi, on a eu la surprise de voir que le héro tient une Otto dans les mains ! Et puis, il la montre bien. On commence à avoir de plus en plus de demandes. Dans le dernier film de Gérard Jugnot aussi (C’est bien la vie quand on y pense, ndlr). Il incarne un fan de Renault et de Rallye et il a certaines de nos miniatures Otto. On a une pub aussi qui va sortir en Allemagne, avec un ancien pilote de DTM qui passe devant une vitrine et voit sa voiture en Solido.

LMAP: Pourquoi une boite blanche et non bleue comme avant ?
FG: On la trouvait trop sombre. Et, sur un linéaire, le blanc est plus beau et se démarque mieux. La dernière boîte de Norev est très belle, très classe. Mais, dans un rayon il faut attirer l’œil et on voulait faire un contraste. Et puis, on voulait faire quelque chose de simple qui met en avant le logo. Et, surtout, d’avoir la même typologie de boîtes. Même si certains modèles sont plus grands. Comme pour notre future Renault RS 18. C’est une première chez Solido ! On va lancer une F1 à 49,90€. Le prix est plus cher à cause de la licence. On va lancer une gamme de F1.

LMAP: Comment travaillez-vous avec Solido au milieu d’Otto et de GT Spirit ?
FG: On a un chef de produits Solido, il travaille de son côté sans savoir ce qui sort chez Otto ou chez GT Spirit. Idem pour Otto et GT. Parfois, on a des doublons. Comme une Porsche chez GT Spirit qui est aussi en Solido. Mais, on doit fonctionner comme ça. Il faut que la marque fonctionne comme si elle était indépendante. On a plein d’idées, que ce soit en rallye ou en voitures de série.

LMAP: Pourrait-on voir des magasins Solido en France comme l’Abrex Store à Prague ?
FG: C’est compliqué. On avait un magasin avant, à Vannes qui fonctionnait, qui nous permettait de faire des tests. C’est ma femme qui le gérait, mais c’était compliqué à conjuguer avec la vie de famille. Un magasin Solido ? Pourquoi pas, je ne sais pas. Après, le magasin Abrex est un cas particulier du fait que la marque dépende d’un plus grand groupe aux reins très solides. Après si on fait une, faudrait la faire dans une grande ville. A voir, mais je ne suis pas persuadé. C’est cette boutique qui nous a donné l’idée de faire du DieCast et un produit plus abordable. Car, la moitié des gens qui venaient dans notre boutique n’étaient pas collectionneurs et voulaient plus du jouet.

Découvrez notre galerie photos du superbe Showroom de Mini Express (Otto, Gt Spirit et Solido) à Josselin (56). Mais aussi, des photos de certains modèles de l’entreprise. Nous remercions Steffie Josse qui a rendu cette rencontre possible et Frédérick Guillier pour sa disponibilité, le temps qu’il nous a accordé et sa sympathie. En commentaires, n’hésitez pas à lister les voitures que vous aimeriez voir arriver dans les collections Otto, Gt Spirit et Solido.

Mini Express (Otto, Solido, GT Spirit) : bienvenue au paradis de la miniature !
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