Marco Pozzoni, NetApp

Interview de M.Pozzoni pour NetApp: vers la technologisation des véhicules

Lors des NetApp Racebred Data Days, qui se déroulaient dans la ville italienne de Bologne, notre équipe a eu l’occasion de se familiariser avec Ducati. Mais aussi, avec le futur de la sécurité et la conduite auto-moto, grâce à Marco Pozzoni. Il s’agit du Directeur des ventes pays pour NetApp, l’un des acteurs majeurs de la technologisation des véhicules. Pour les férus de MotoGP, cela ne vous aura pas échappé, NetApp est aussi l’un des sponsors de l’écurie Ducati…

LMAP: Depuis deux ans, NetApp est associé à Ducati. Pouvez-vous expliquer sur quoi se porte votre travail?

Nous développons la partie HPC (high performance computing, ordinateurs dont le but est d’effectuer des calculs de haute performance) dans l’usine de Borgo Panigale. On a fait un travail d’intégration de leurs systèmes HPC avec du stockage NetApp, pour aller développer un écosystème sur lequel ils vont bâtir leur partie aéro ou moteur. Tout cela est lié à la route, alors que la deuxième partie c’est ce qui est lié à l’application Ducati Link. Elle permet de reporter des informations de la moto vers Ducati et vers le cloud. Ce sont simplement des données circulant et permettant à Ducati de fournir des services supplémentaires. Aujourd’hui, ils sont capables de vendre la moto, la personnaliser, créer et agglomérer une communauté ou recevoir les infos sur l’usure des pièces pour optimiser la maintenance.

LMAP: Des éléments de sécurité font également leur apparition. N’avez-vous pas peur que les utilisateurs se sentent surprotégés, notamment ceux de Ducati?

Les éléments de sécurité (traction control, anti-wheelie,… ndlr) rentrent effectivement en jeu, mais 80% des motards qui aiment accélérer veulent se sentir tranquille. Tout ce qui est développé aujourd’hui, c’est l’extrême. Mais pour reporter après à la vie quotidienne, il y a des situations qui sont critiques ou extrêmes d’accidents qui peuvent être résolues par ce type de technologies.

LMAP: Du côté des voitures, l’on parle aussi de conduite autonome. Où passe le plaisir?

Quand un robot conduit, en effet, on perd en plaisir. Pour Ferrari, qui est aussi client NetApp, le concept de pilotage autonome ne peut exister. Dans leur tête, le client a envie de conduire la voiture. C’est plus ou moins comme Ducati. Néanmoins, on se dirige vers cela pour de nombreuses marques. C’est pour ça qu’il y aura également des courses dans 10, 15, 20 ans de voitures qui se conduiront seules. Cela va prendre de plus en plus de place sur les routes.

LMAP: Comment sont développés ces éléments de conduite autonome?

Ces éléments et technologies sont développées grâce au machine learning (apprentissage automatique des ordinateurs). Ce procès prend beaucoup de temps, mais permet de rentrer dans un certain nombre de scénarios. Pour l’instant nous en sommes au stade d’essais autour d’une piste. Cela permet de créer différentes situations compliquées, mais plus simple que dans la vie quotidienne où des obstacles peuvent surgir de nulle part. Donc c’est pour cela que la recherche part de la piste. Techniquement c’est plus simple à gérer et c’est un bon moyen d’apprendre.

LMAP: Quel est l’intérêt de NetApp dans ce procédé?

Pour NetApp, ce qui est positif, c’et la quantité de données générées. Ces données sont toutes importantes, mais leur ordre d’importance est déterminé par l’algorithme, le vrai moteur, afin de savoir quelles informations m’intéressent ou non. Si un obstacle apparaît, c’est une info importante, donc l’algorithme doit la prendre en priorité et ordonner à la voiture de se déplacer pour l’éviter. Il va y avoir à la fois une technologie sur la voiture, notamment liée à des capteurs qui doivent recevoir l’information, puis la faire passer à différents stades afin de la traiter et éventuellement d’avertir les autres utilisateurs. C’est ce sur quoi nous travaillons.

LMAP: Les système de communication entre véhicules auront-ils également un impact?

Je pense que les systèmes d’alerte entre véhicules vont être un pas fondamental de ce progrès. Parce que pour l’instant, une voiture peut se conduire toute seule mais ne communique pas avec le monde et les autres véhicules. Or ces systèmes de communication vont apporter quelque chose en plus à la conduite autonome. La communication véhicule à véhicule sera une partie extrêmement importante et pour y arriver, c’est des données, des données et des données!

LMAP: Donc obligatoirement NetApp?

On a en effet un procès de communication depuis la voiture jusqu’au cloud qui marche. C’est à dire que l’information part directement des capteurs, jusqu’au centre de données et l’on peut ensuite l’apporter d’un côté ou de l’autre, que ce soit vers le cloud ou la redistribuer. Là il y a besoin de connaissances que NetApp a et travailler avec Ducati nous permet de tout optimiser. C’est sur cela que nous effectuons beaucoup de recherches, vu que c’est un secteur en forte croissance. Et le sponsorship Ducati est très important, afin d’apprendre à mieux bâtir ces éléments et nos systèmes.

LMAP: Vous parlez d’avertir les autres utilisateurs, mais encore faut-il que tous les véhicules soient équipés pour.

Bien sûr, bien sûr, mais nous en sommes au stade du prototype. Cela montre néanmoins l’évolution et la complexité, puisque tout le monde doit être équipé, il doit y avoir des standards. On a entendu parler de consortiums avec différentes marques, mais il faut trouver une homogénéité. Ce qui est bien c’est que la tendance de chaque constructeur est d’aller dans un monde avec encore plus de sécurité. Pas simplement où la voiture va se conduire toute seule.

LMAP: Que ce passera-t-il si des marques développent leur système avec des entreprises concurrentes de NetApp? Pourront-ils communiquer entre eux?

Non, on parle d’exploitation de la donnée. Le standard de communication entre les voitures ne se fait pas sur le stockage. D’autres constructeurs de stockage peuvent avoir différentes solutions de la voiture au centre de données, mais il n’y a pas d’acteur qui fournisse la technologie pour aller de la voiture au centre de données au cloud et inversement. Ou bien, la richesse fournie par leurs procédés n’est pas la même que la notre. Pour l’instant, seul NetApp en a les capacités.

LMAP: Quelles infrastructures sont nécessaires pour faire fonctionner ces technologies de conduite autonome, communication?

La technologie 5G est certainement le plus important. C’est ce qui permet notamment d’avoir le pilotage autonome. Avec la 4G, les temps de réponse sont environ de 50 millisecondes, ce qui est assez long en cas d’apparition d’obstacle. Le 5G réduit le temps de réponse à 5 millisecondes, ce qui peut faire la différence. Toutes les applications fonctionnant en temps réel réagissent mieux avec la 5G.

LMAP: La technologie 5G est encore loin d’être disponible partout…

Le 5G aujourd’hui, c’est sûr qu’il n’est pas partout. Pas plus que dans quelques villes. Le 4G est assez bien couvert, mais ne donne pas un niveau de réponse en temps réel comme celui du 5G. Donc tout ce qui est conduite autonome, même en 4G, ce serait pas suffisant. La 5G va changer la chose, mais il faut le déployer encore, améliorer l’IA qui sera moins en laboratoire et plus sur la route. Donc je pense que ça va se faire en parallèle, mais l’un a besoin de l’autre.

LMAP: En attendant la 5G partout dans le monde, cela veut-il dire que la voiture s’arrêtera entre deux zones avec un moins bon réseau?

Dans le futur, la voiture sera connectée. Mais si elle ne l’est pas, elle ne sera pas impossible à conduire. Si on n’a pas de 5G, peut-être y aura-t-il des fonctionnalités qui seront désactivées, avant de se réactiver dès lors que le réseau redevient meilleur. La voiture ne s’arrêtera pas, il y aura une certaine intelligence et ce procession va se faire dans la voiture même. C’est là qu’il est important d’avoir des solutions, à bord de la voiture.

Interview réalisée pour et par LeMagSportAuto

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